Entraînement musclé

Spoiler:

Je suis face à mon adversaire et j’observe, le grand terrain qui nous à été prêté est recouvert d’une poussière qui s’envole dans les aire, formant de grand nuage brunâtre qui se déforment au grès du vent. Le sol chaotique qui s’étale sous nos pied semble avoir subit de nombreux combat et est maintenant vallonné de toute part, on aperçois à de rare endroit les vestiges d’une place pavée depuis longtemps détruite par les attaques qui l’ont jadis rencontrée. Ce lieux est empreint du sang de tout les Shinigamis qui s’y sont affrontés, ont dit que tout les plus grands y ont une fois combattu. Je contemple le ciel d’un bleu parfait qui s’étend à perte de vue, découpé à l’est par les bâtiments du Seireithei et à l’ouest par la lisière d’une forêt de sapins, le soleil nous lance ses derniers rayons avant de disparaître derrière les arbres, emportant avec lui lumière et chaleur. Quel meilleur moment pour se battre?

Je suis face à mon adversaire et je pense, depuis que nous étions entrés, Sôma et moi, dans la onzième division, le Capitaine Sora nous imposait un entraînement intensif quotidien. Nous nous étions peu à peu habitués aux corrections musclées que celui-ci nous infligeait “pour notre bien”, aux longues heures de combat au sabre en bois et à mains nues et aux journées de concentration pour augmenter notre reiatsu qu’il nous imposait. La division qu’il devait reformer possédait autrefois une grande renommée et Sora se donnait pour but de retrouver voir de dépasser un jour cette importance perdue. C’est pourquoi il s’appliquait particulièrement à la sélection et à la formation des ses éléments et accordait une importance toute particulière aux capacités de combat de ceux-ci. Nous comprenons tout les deux ceci et ferons de notre mieux pour qu'il parvienne à ses fins, dussions pour ceci se battre l'un contre l'autre.

Je suis face à mon adversaire et je le regarde, Sôma est devenu pour moi un ami, je ne sais pas se qu’il pense de moi mais je lui accorde une grande attention. Il est également devenu un rival, sans cesse en compétition pour savoir qui de nous deux est le meilleur mais c’est ce qui nous fait progresser. Nous avons été envoyer, pour la première fois, par la Capitaine mener un combat l’un contre l’autre en utilisant nos zanpakutos respectifs. Il nous a interdit de rentrer sans que l’un de nous ne soit grièvement blessé, alors nous allons nous battre, pas jusqu’à la mort, mais l’un de nous devra y échapper de peu.

Nous somme face à face et nous nous élançons l’un vers l’autre, peu importe qui gagnera se combat, il nous fera progresser et nous apprendra nos limites. Je sens le reiatsu de Sôma monter en flêche alors je fais de même, chacun de nous prononçons le nom de notre arme et une forte vague d’énergie enveloppe le terrain d’entraînement, le combat commence. Avant même que nos lames ne se touchent, nos reiatsu s'affrontent, invisibles à l'oeil, tentant d'affaiblir l'esprit de l'autre, mais chacun de nous est capable de résister à l'autre alors nous devrons combattre au sabre.

Te voilà, Shiro. Depuis que je suis arrivé dans cette division, nous n'avons de cesse de nous combattre, sous les ordres du capitaine de la onzième. Le bras armé, la violence faite homme du Sereitei. Nous sommes une fois de plus l'un en face de l'autre, mais cette fois, nous sommes armés. Nous combattrons jusqu'à ce que l'un d'entre nous perde conscience. La lueur rougeoyante du crépuscule est parfaite, et les nuages de poussière que soulèvent nos reiatsus débarrassés de toutes leurs brides et qui s'enfuient de nos corps comme un fluide vital qui ne rêverait que d'aspirer l'énergie de l'autre.

Mon regard parcourt les lieux. La place est défoncée, mais ne présente aucun abri. Autant dire que le combat sera rude. J'aurais préféré quelques rochers, des colonnes éboulées, dans le plus pur style de l'apocalypse, et des arbres rachitiques, mais, non, il n'y a rien. Je vais devoir lutter de toutes mes forces si je veux avoir une chance de l'emporter. Nos deux reiatsu continuent d'émaner de nos corps avec la violence d'une petite tempête. Nous nous prenons au sérieux, d'autant plus que nous nous considérons comme des amis. Baisser l'échine face à un ami est bien plus dur que de lutter contre un ennemi.

Mes pieds cherchent un appui stable. Je les cale contre un caillou qui traîne. Le pouce débloque la lame de mon sabre de sa saya. Puis je le brandis, mes mains solidement vissées à sa poignée. Je prononce la phrase en même temps que celle de Shiro.

Sôma – Envole toi, Soyokaze.

Mon zanpakutoh réagit immédiatement à l'injonction. Sa lame s'allonge, la courbure s'intensifie, et la tsuba s'agrandit, formant une deuxième poignée. Un premier coup de pied en avant. Mais pas trop loin, j'ai appris à redouter la puissance des lames jumelles de Shiro. J'ai cet avantage d'être un peu plus rapide que lui, autant en profiter. Je m'arrête quelques mètres avant de l'atteindre, saisis Soyokaze par la tsuba, et l'envoie dans sa direction, le guidant grâce à mon reiatsu. Shiro n'a que le temps de lever ses lames. Une seconde trop tard.

Dans un léger bruit, si calme qu'on eut dit le chant d'un oiseau apaisé, la première entaille s'ouvre sur l'épaule de Shiro. Elle est superficielle, mais le premier sang éclabousse ma lame. Il réplique. Je pare ses deux lames, tentant de compenser l'avantage de l'ambidextrie, reculant puis avançant. Un échange sans pauses, sans temps morts. Croyant discerner une ouverture dans la garde de Shiro, j'en profite pour susurrer:

Sôma – Himei Tsuru.

Je lance Soyokaze en avant. Sa lame brille d'un bleu électrique, éclairant la nuit qui commence à tomber sur le combat. Les nuages de poussière que nous soulevons sont presque invisibles, mais chaque parcelle renvoie un peu de la lumière de ma technique, ainsi qu'une explosion de verre coloré. Shiro esquive sans peine, son ouverture était une feinte. Continuant de parer, je tente de lui administrer un dernier coup avant de me projeter en arrière. Il le pare, trop facilement, de sa technique. Je le regarde.

Le sol n'a pas l'air d'avoir souffert de ce premier assaut. Toujours aucun obstacle qui pourrait m'avantager. Résigné, je baisse la tête, avant de lancer un nouvel assaut. La nuit ne fait que commencer.

Le soleil avait finalement fini par disparaître totalement, laissant place à son homologue nocturne qui projetait sur le champ de bataille une lueur blafarde régulièrement troublée par les éclaires jaunes provenant des sabres s'entrechoquant. La lumière laiteuse de la lune prolongeait les ombres et amoindrissait la perception visuelle, il fallait redoubler de prudence et, surtout, abandonner peu à peu l'usage de ses yeux au profit des autre sens.

Magnifique combat qui se déroulait, résultat de la rencontre du son et de la danse, mélange de grâce et de puissance. Mon corps voletait au grès des coups qui fendaient l'air, évitant parfois, saignant parfois. Jusqu'ici Sôma avait été maître du combat et je me contentais d'esquiver ou de parer les attaques qu'il tentait de m'octroyer avec plus ou moins de succès. Aux vues de sa rapidité supérieure, il me fallait attendre une opportunité, un moment ou le surprendre. Celle-ci se présenta sur l'une de ses attaques, ayant bien observer ses mouvements, je murmurais :

Tate Mau.

Maihime commençais à tourner de plus en plus vite face à moi, formant un véritable bouclier qui arrêta net le Zanpakuto de Sôma. J'en profitais pour élancer mon autre sabre à la rencontre de mon collègue qui se recula juste assez pour que mon épée ne déchire que ses habits. Profitant de la vitesse de celle-ci, je recommençais mon offensive grâce à une nouvelle technique :

Sen'puu Akai.

Une fois de plus, la vitesse joua en faveur de mon adversaire qui parvînt à se décaler de quelque centimètre pour éviter la lame tournoyant chargée de reiatsu que je projetais contre lui, c'était sans compter ma seconde arme, il était maintenant coincé entre mes deux katanas, il ne pouvait que subir le coup que je lui portais déjà dans le dos. Ma lame pénétra enfin dans la chaire de Sôma et y créa une longue entaille qui parcourrai la moitié de son dos. Il se dégagea de mon étreinte mais déjà je fonçais sur lui, tentant de mes deux bras de lui infliger une autre blessure, je renouvelais ces attaques quelques fois afin qu'il croit s'habituer à celle-ci. Au bout de trois ou quatre attaque, je fit glisser imperceptiblement la poignée de mon katana dans ma main et le lançais à la rencontre de Sôma. Comme prévu, il ne parvînt pas à éviter ce coup-ci qui fendit une fois de plus sa chaire.

Nous étions tout deux épuisés, sous le coup des blessures reçues comme sous celui de l'utilisation excessive de reiatsu. Mais le combat n'étais pas terminer, chacun de nous tenaient encore debout et tenaient à se battre. Une longue nuit se préparait.

La fatigue gagnait mes membres alors même que mes pieds se faisaient plus hésitants. La blessure qui m'avait été infligée au dos me rappelait régulièrement à son bon souvenir, alors même que je tentais de l'ignorer, me déstabilisant, perturbant la précision de mes coups. La danse du combat était de plus en plus délicate, la lune éclairant chacune de nos actions, à l'instar d'un projecteur géant qui tomberait du ciel. Les cris résonnaient sur la place vide, et les bruits de nos pas, qui battaient sans cesse ce sol autrefois dallé avec soin, comme le reste du Sereitei, donnaient l'impression qu'une armée entière y manœuvrait. Une armée sans tête, toutefois, puisqu'aucun ordre ne fusait. Nous nous débattions, tentant de faire trébucher l'autre.

La force brute de Shiro et l'avantage qui lui était procuré par la possession de lames jumelles – un pouvoir très pratique – me forçaient à tout miser sur la vitesse. Il avait jusque là réussi à esquiver mes techniques, et n'avait donc pas souffert du chant de Soyokaze. Il fallait que je parvienne à l'atteindre: je dépensais mon reiatsu dans le vide. Me lançant à la rencontre de Shiro, je mis encore plus de vitesse dans mes coups. Il les paraît tout de même, profitant de la portée qui lui était permise par ses sabres jumeaux.

Sôma – Himei Tsuru.

Lançant une nouvelle fois mon sabre en avant, je le chargeai de reiatsu. Il fallait qu'il atteigne sa cible, quoi qu'il advienne. Un premier arc de cercle brilla dans le noir de la nuit. Mon sabre faisait de la concurrence à la lumière de la lune. La pointe décrivit une courbe parfaite, tranchant l'air sans résistance, traversant l'immatériel, pour se diriger droit sur le torse de Shiro. Mais, une fois de plus, il l'évita. La blessure me désorientait, et, lorsque je tentai de lui porter un autre coup, les trainées bleues s'égarèrent une fois de plus dans le vide, partant à la rencontre des nuages que l'on pouvait deviner malgré la profondeur de la nuit.

Des coups d'estoc et de taille se succédaient sans cesse, repoussant l'un, permettant à l'autre d'avancer. Mes pieds trébuchaient de temps à autre sur le sol inhospitalier de la place. Me rejetant en arrière d'un mouvement rapide, je pris un instant pour me reconcentrer. Il émanait toujours plus de reiatsu de la place: dignes recrues de la onzième division, nous aimions à laisser le combat prendre ses ailes, puis nous diriger vers l'apothéose, graduellement. Il ne devait pas être dirigé, nous ne commencions jamais au plus fort de nos capacités.

Mais nous venions de nous entendre, pour passer à la vitesse supérieure. Chacun de nos coups se faisaient plus violents, les déplacements s'accéléraient, et les quantités de reiatsu libérées par nos techniques ne cessaient d'augmenter. Pour la troisième fois consécutive, je laissai chanter la grue. La lumière fusa, mais Shiro para de ses deux sabres, concentrant apparemment tout son reiatsu à la croisée des deux lames. Repoussé à quelques mètres, je pris le temps de rassembler mes forces.

Je voyais la technique poindre au bout de la lame de Shiro.

Le combat gagnait en intensité en même temps que nous nous épuisions. Je sentais que les coups de Sôma étaient moins précis, moins rapides, mais je sentais également mon propre corps subir les affres de la fatigue. Que se soit lui ou moi, l'un de nous allait flancher dans peu de temps, chacun à l'affut d'une ouverture ou placer un coup décisif. Je prenais soin d'éviter sa lame dès que je la voyais s'illuminer d'une lueur bleutée, connaissant la technique de mon adversaire. A trois reprise, celui-ci avait tenté de me toucher avec sa technique et à trois reprise, je les avais évité avec succès mais ceci ne durerai pas, je sentais que sa prochaine attaque ferai mouche.

Concentrant une fois de plus mon reiatsu dans ma lame gauche, je la fit tournoyer de plus en plus rapidement tout en me préparant à l'attaque, des flots d'énergie spirituelles s'échappaient maintenant de nos deux corps et emplissaient l'atmosphère, la poussière que nous élevions au début du combat avec notre reiatsu avait laissé place à de petit morceau de pierre qui se décolaient du sol. Le monde qui nous entourait ne m'affectait plus, je ne ressentais plus que la présence de mon adversaire, j'aurais pu fermer les yeux et continuer à me battre. Je préparais mes pieds pour obtenir un bonne appui au sol.

Sen'puu Akai !

Je donnai à se moment une formidable impulsion sur le sol qui se fissura sous la violence de l'appui, je me dirigeais avec une incroyable célérité sur Sôma, mais celui-ci semblait avoir anticipé ma technique et n'eut aucun mal à l'éviter, il ne se ferai pas avoir deux fois par la même attaque. Je tentais de lui assener quelques coups en profitant de l'avantage de mes deux lames mais il semblait avoir retrouvé de nouvelles ressources, chacune de mes attaques fendaient l'air sans rencontrer aucune résistance, toute ne trouvaient que le vide. Se combat ne finirait-il jamais?

Mon sang s'écoulait, lentement, et les gouttes touchaient le sol avec un petit bruit mélodique. L'ensemble, au clair de lune, semblait tout droit sorti d'une symphonie macabre. Mes muscles rouillaient, aussi sûrement qu'un navire à l'abandon est condamné à être dévoré par ce mal, et les coups que j'encaissais expliquaient cet état. Je me sentais faible et vulnérable, mais en même temps l'adrénaline du combat montait. Elle m'enserrait de toutes ses forces, me donnait l'impression transcendante que, malgré ma faiblesse, j'avais encore de quoi en remontrer à Shiro.

J'aimais combattre avec lui, et ce combat, le premier sérieux, confirmait encore plus ce sentiment. Avec ce shinigami, nul besoin de paroles. Le simple regard que nous nous adressions suffisait pour aider l'autre à comprendre qu'il tirait toue la substance du combat. C'était ce qui avait attiré le capitaine, sûrement. Le regard de Shiro était, je le crois, emprunt d'une détermination sans faille. Quant au mien, il était celui de l'expert. De ma vie passée, je ne gardais qu'un vrai souvenir, mon amour de l'art. Ce même amour que je retrouvais dans le combat. Le reste se nécrosait, se perdait dans les mânes obscures du passé, de l'éphémère.

Le combat devenait de plus en plus saccadé. J'étais parvenu à éviter les attaques de Shiro, et tentai de répliquer à l'aide de mon Himei Tsuru. Soyokaze atteignit Shiro en pleine poitrine, y dessina un très léger sillon bleuté, duquel commença à émaner un chant surnaturel. Les notes de Soyokaze étaient belles. Bien plus belles, à vrai dire, que n'importe quelle musique qu'il était possible de jouer. Elles étaient harmonieuses et oniriques. Malgré tout, je ne pus apprécier la musique à sa juste valeur.

Sôma - Mon... Merde!

En lançant cette dernière technique, j'avais perdu le contrôle de mon reiatsu. C'était là mon point faible. Ne pouvant accorder, sur ce terrain vide, la concentration nécessaire à reformer mon empire sur mon énergie spirituelle, je tentai de repousser Shiro en lui assenant deux coups rapides et violents.Celui-çi, étourdi par le chant divin de Soyokaze, encaissa quelques dommages, parant moins efficacement qu'à l'accoutumée.

Malheureusement, j'avais consommé beaucoup trop d'énergie spirituelle, et je ne pouvais reformer ma réserve. Espérant que les tremblements occasionnés par mon zanpakutoh permettraient de ralentir Shiro, j'empoignai mon sabre à deux mains, prêt à subir un autre assaut.

Je m'impliquais pleinement dans ce combat, témoins en soient les étoiles, et je me doutais que Sôma faisait de même. Tout deux à bout, nous continuions à nous battre corps et âmes, utilisant des ressources que je ne nous connaissais pas. Pour ma part, la communication avec Maihime se faisait de plus en plus clairement et je sentais que celle-ci m'aidait à chaque coups que je donnais. Sa petite voix résonnait dans ma tête, agissant comme un anesthésiant, ou plutôt comme une drogue. J'étais conscient que le retour à mon état normal serait douloureux mais je n'en avais cure. A présent je voulais m'investir complètement dans ce combat et je me surpris à parler avec mon Zanpakuto :

"Allons y Maihime, faisons le ensemble."

Je venais de subir pour la première fois la morsure musicale de Soyokaze, a l'inverse des autres blessures, celle-ci n'était pas douloureuse, et j'ignore si cela étais due à mon état ou à la technique de Sôma, quoi qu'il en soit, je sentais se diffuser dans mon corps une étrange vibration, presque agréable. Se fut la lame de mon adversaire qui me rappela durement à la réalité, déchirant ma chaire, faisant gicler mon sang. Je parais les coups suivant tant bien que mal, tentant de résister à l'attrait de se chant qui se répandait en moi. Après plusieurs assauts, je décidais d'augmenter une fois de plus mon reiatsu pour chasser ses vibrations. Sitôt celle-ci disparût, je me re-concentrais sur le combat. Sôma semblait mal en point, au prise avec son reiatsu qui ne cessait de s'échapper de lui, avait-il dépassé ses limites, je ne le savais pas, mais de toute évidence je devais profiter de cette baisse d'attention pour lui faire mal. Encore étourdis par sa précédente attaque, je m'élançais contre lui, le frappant de mes deux lames simultanément. Nous avions atteint un tel état de fatigue que chaque mouvement que nous faisions étaient douloureux et mûrement réfléchis. J'espérais en découdre avec cette attaque mais c'était sans compter la résistance et surtout l'acharnement de mon ami.

Les étoiles qui, avant, faisaient étinceler nos lames et paraître nos gouttes de sang pareil à des rubis, c'en étaient allées se cacher derrière quelques nuages bien sombre. La nuit atteignait son apogée et déjà je ne percevais plus, ni les bâtiments sombres du Seireithei, ni les arbres qui se bousculaient à la lisière de la forêt. Je comprenais maintenant pourquoi le capitaine nous avait envoyé le soir. Cela nous forçais à utiliser tout nos sens. Non plus seulement la vue. La lumière déclinait peu à peu sur le champ de bataille, mais le combat lui ne déclinait pas au contraire et continuerait à s'intensifier jusqu'au dénouement final, qui se rapprochait j'en étais persuadé.

Le dernier assaut. Le terme pourrait paraître ridicule s'il n'avait été aussi vrai. La douleur faisait désormais corps avec moi. Délicate et brûlante, elle se glissait dans chacune de mes veines, saisissait chaque nerf et le faisait trembler, incisait chaque muscle à chaque fois que j'esquissais le moindre mouvement. J'étais totalement libre d'accomplir les mouvements que je souhaitais et pourtant... J'avais l'impression de plus en plus forte d'être fixé à un chevalet de torture. Chacun de mes mouvements provoquait une petite explosion de douleur.

Ce combat était allé bien vite. Nous nous étions peut-être pris trop au sérieux, nous avions réellement jeté toutes nos forces dans la bataille. Et, dans un rapport frontal, dans une bataille rangée, la victoire m'était aussi lointaine que la lune qui nous surveillait. Désormais, sa sale face blafarde était la seule à éclairer la scène. Le halo bleuté qui entourait Soyokaze avait disparu, et je peinais à le maintenir en shikai. Il n'avait jamais aimé se battre contre un ami et, malgré sa répugnance, avait accepté de lutter à mes côtés. Désormais, c'était trop pour lui. En perdant le contrôle de mon énergie spirituelle, je m'étais aussi privé de la possibilité de lancer les techniques de Soyokaze.

Je me lançai à corps perdu dans un ensemble de bottes et de coups. Je n'avais que cet espoir de remporter l'entraînement, et il me paraissait déjà aussi ténu que si je l'entr'apercevais à travers le rideau onirique d'un épais brouillard. Mon premier coup fut porté avec toute la célérité qui me restait, mais la force lui fit défaut, si bien que Shiro la para sans grands dommages.

* Allez, plus près! *

Glissant rapidement derrière Shiro, je tentai de le prendre par surprise. Il se retourna rapidement, mais toutefois pas assez vite. Ma lame déchira son hakama, éraflant en profondeur sa cuisse. Blessure qui, comme toutes celles que nous subissions, attestaient de notre entraînement plus que rigoureux. En dépit de nos nombreuses blessures, nous parvenions à nous mouvoir avec encore beaucoup d'aisance. La seule différence, dans mon cas, était que j'avais l'impression de me déplacer dans un nuage de douleur.

Lançant une fois de plus Soyokaze vers Shiro, je tentai de sauter dans sa direction pour perturber sa parade. Toutefois, ma lame tomba dans le vide. Il avait recouru au shunpo. Me lançant à sa poursuite, je tentai d'utiliser le même mode de déplacement. Si un observateur extérieur regardait notre combat, il aurait pu voir des trainées floues, laissant par instants entrevoir des éclats de diverses natures - du sang, des lames, ou du reiatsu... Mes forces me quittaient petit à petit, mais j'avais appris une chose de ma mort et de ma torture méthodique. Elles m'avaient appris à ne jamais capituler, à mettre toute la force que je possédais dans la bataille.

La fin était proche, mais je la récusais, de toutes mes forces.

Alors que Sôma se jetait sur moi, j'utilisais mes dernières forces pour éviter ses coups avec plusieurs shunpo. Contrairement à mon adversaire, j'avais conservé une infime partie de mon reiatsu, se qui me permettais de me déplacer beaucoup plus rapidement, malgré la douleur, malgré la fatigue, malgré le sang qui s'écoulait maintenant au goutte à goutte le long de mes habits déchiquetés. Le combat se déroulait à présent en trois dimensions, nous utilisions aussi bien le sol que le ciel pour lancer des attaques toujours plus audacieuses. Le terrain que nous avions rendu plus informe encore était le témoin d'un combat acharné dans lequel aucun des participants ne laissaient sa chance à l'autre. Nous nous tournions autour, patientant pour trouver une faille chez l'autre. Et puis j'aperçus ce petit trou dans la défense de Sôma, infime possibilité pour moi de terminer enfin ce combat, je lançais une attaque désespérée en sa direction et dans un ultime effort, j'actionnais mes deux bras simultanément, entraînant mes lames à une vitesse folle. Je vis au ralenti ce qui se passa ensuite, Maihime fendait l'air avec toujours plus de rapidité, le regard de Sôma se décomposa, comprenant qu'il n'arrêterait pas ce coup. Mes katana pénétrèrent ses vêtements puis sa chaire, déchirant sans distinctions l'un comme l'autre. Le sang s'échappa de sa poitrine dans une petit gerbe, passa entre mon regard et la lune qui éclairait toujours la scène de sa lumière blafarde. Le corps s'éleva dans les airs, il semblait voler au milieu des gouttes rouges qui s'échappaient de nos blessures. Puis après un court moment qui me parus si long, il s'effondra sur le sol dans un bruit mat, mettant fin à se combat qui nous avaient tant annimés. Mon regard se troubla, posant une dernière fois sa détermination sur mes deux lames ensanglantées. Je tombais à genoux au côtés de Sôma, je sentis mon énergie se retirer de mon corps, Maihime s'en allait et, comme prévu, une explosion de douleur parcourue ma chaire meurtrie. Je fermais les yeux et le noir m'entoura. La musique était fini, alors la danse ne pouvait plus être.

Je ne sais pas combien de temps je restais allongé là, mais mon sommeil fut agité de nombreux cauchemars, tous plus sombres les uns que les autres. Je voyais sans cesse des éclaires de lumière suivis par des gerbes de sang brillantes. Je voyais la mort.

Une explosion de douleur, et puis plus rien. Le noir total. L'impression de se chercher. Je reconstituais mes forces, épuisé que j'étais par la lutte. Elle avait consumé toutes mes forces, comme un cancer qui, aussi sûrement que la mort est fin de toute chose, ronge votre existence. J'avais erré, mon esprit jouant aux devinettes avec un environnement flou, un monde étrange aux frontières indistinctes.

Puis, j'avais ouvert les yeux. Le soleil dardait ses premiers rayons sur la placette. J'étais allongé de tout mon long, au sol. Mon sang s'était coagulé, et mon reiatsu avait dû tout faire pour empêcher de graves blessures. il suffisait qu'on m'amène à l'infirmerie... Puis, je soulevai la tête. Jusque dans mes vertèbres, je ressentis la fatigue du combat, mais aussi celle que l'on connaît après avoir passé une nuit dehors. Shiro était assis sur une pierre, non loin de là, et observait le ciel d'un air distrait. Son zanpakutoh reposait, appuyé contre son épaule. Jetant un oeil autour de moi, j'aperçus que le mien m'avait été raccroché à la ceinture.

Sôma - Tu m'emmènes? Je suis pas sûr d'avoir la force de...

J'essayai de parler plus longtemps, mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. J'étais éteint, et la douleur était étourdissante. Je ne saignais plus, mais elle continuait de me vriller les tympans, les muscles, et autres joyeusetés. Shiro se leva de son caillou, un petit sourire aux lèvres, et me hissa sur son épaule. Si le capitaine me voyait...

Sôma - C'est Sora qui va être content.

Puis Shiro m'emporta. Il avait vaincu, et j'avais envie de dormir.